Musique du silence

Un seule-en-scène autour du cycle "Musica callada", de Federico Mompou

Un seule-en-scène autour de Música callada, de Federico Mompou
Sarah Lavaud-Petroff, piano, récit, conception globale

« Il est des moments où la musique exprime l’écoute » : ces mots qu’elle a un jour reçus de Jean-Claude Pennetier au cours d’une leçon, Sarah Lavaud-Petroff les a entendus résonner fortement en elle quand elle s’est engagée dans l’étude de Música callada. Lorsque Federico Mompou composa ce vaste cycle pour piano dont le titre (qui provient d’un poème de San Juan de la Cruz) peut être traduit par « musique qui s’est tue », « musique silencieuse », son projet était-il d’« exprimer » le silence, de donner à entendre ce qui se lève en nous lorsque, dans la solitude, nous nous mettons à l’écoute de notre vie intérieure ?

Pour son spectacle Musique du silence, Sarah Lavaud-Petroff a sélectionné quatorze des vingt-huit pièces de ce recueil, dans lesquelles elle fait résonner des haïkus de Shiki et Bashō, ainsi que des textes de Rainer Maria Rilke, Albert Camus, René Char, Annie Barkatz Edinger, Franz Xaver Kappus, Camillo Sbarbaro, Arthur Rimbaud et Philippe Jaccottet. Portant sons et mots, jouant avec des éléments (une lanterne, des galets, une côte de baleine…) dont les déplacements successifs soutiennent son propos, transforment lentement le décor et ouvrent progressivement l’espace, elle nous emmène explorer divers silences – d’une grande plaine du Nord à un coin reculé d’une province italienne, des ruines d’une cité antique au sanctuaire où l’artiste s’isole pour mieux créer… en quête de ces instants lumineux où nous apparaissent, dans toute leur plénitude et leur intensité, un sens profond, un besoin, un désir, ou encore, comme l’écrit Philippe Jaccottet, « les liens presque invisibles jusque-là qui unissent les choses et nous unissent à elles ».

Dans une conjoncture internationale durablement chaotique, inquiétante, dont les soubresauts successifs nous mettent à l’épreuve et éveillent nos consciences, ce spectacle vient interroger notre besoin de silence, de solitude, de nature, notre capacité à creuser en nous-mêmes vers nos nécessités profondes et vers nos forces créatrices – celles qui nous permettent d’apporter, dans le monde, de la richesse et de la beauté.

Musique : F. Mompou, Música callada (extraits).

Textes : R. M. Rilke, A. Camus, R. Char, A. Barkatz Edinger, F. X. Kappus, C. Sbarbaro, A. Rimbaud, P. Jaccottet. Haïkus de Shiki et Bashō.

Éléments de décor :
Des galets blancs, un grand tissu.
Une côte de baleine, ramassée sur une plage de Patagonie.
Une lanterne, création d’Anaëlle Pann, maître verrier.
Deux photophores en verre, créations d’Igor Petroff, maître verrier.
Des coquilles en porcelaine, créations d’Hélène Le Cornec, céramiste.




EXTRAITS

Photos du spectacle